Ma reconversion pour devenir prof de yoga
T’es-tu déjà posé la question de tout quitter pour écouter ta passion ?
Cela m’a longtemps trotté dans la tête… et j’ai fini par écouter la petite voix qui me soufflait que la vie est à la fois trop courte et trop longue pour ne pas oser !
Dans cet article de blog, je vais te raconter le chemin qui m’a conduite à passer du « confort » du fonctionnariat aux salles de Yoga. Puis je te donnerai mes 12 meilleurs conseils si cette aventure te tente et que ta petite voix te chuchote que oui, c’est possible !
Mais commençons par le commencement…
Mon parcours avant de devenir prof de yoga
Un commencement aussi linéaire que s’il avait été tracé au double décimètre. Première de la classe depuis toute petite (avec l’équipement qui va avec, lunettes et appareil dentaire !), j’ai suivi la voie logique qui offrait le moins de résistance pour moi : prépa, Ecole Normale Supérieure, Doctorat en Neurosciences et Agrégation de SVT. L’histoire est longue mais je la tronque volontairement pour atterrir directement un peu avant 2020.
Cela fait plusieurs années que je vogue d’un établissement à l’autre en tant que remplaçante (je n’ai pas suffisamment de points pour espérer avoir un poste fixe à Bordeaux où je réside à l’époque). Je vais être honnête, je ne m’épanouis pas spécialement dans mon métier pour diverses raisons (qui tiennent plus au fonctionnement de l’Education Nationale qu’au métier lui-même).
Mais je me répète que j’ai un salaire correct en enseignant 15h par semaine. Je vis sans trop compter, je peux partir en vacances sans souci (d’autant plus que ce n’est pas ce qui manque en tant que prof).
Et je pense qu’une fois que j’aurai un poste fixe, tout ira mieux !
Et c’est ce qui se passe en 2019 : j’obtiens enfin un poste fixe pour lequel je déménage à Pau.
Et coïncidence ou pas, c’est l’année où j’ai décidé de faire ma formation de Yoga.
Pourquoi faire une formation ? Je ne sais pas vraiment, c’est une envie qui a surgit sans aucun projet (avoué ?) d’en faire mon métier.
Je gère la formation à Bordeaux et mon travail sur Pau.
C’est un poste fixe en lycée mais la surprise du chef c’est qu’il n’y a pas assez d’heures et que je complète donc mon service dans un collège à 30 km de Pau. Et j’apprends au passage que mon poste est voué à être supprimé dans les années venir…
Cette année a été un véritable déclic !
D’une part, ma passion pour le Yoga a été décuplée par ma formation.
D’autre part, je me suis aperçue que je ne voulais plus appartenir à une structure qui me trahissait. Ceci est un ressenti personnel, personne ne m’a trahi, c’est juste le système.
Bref, ma décision est définitivement prise…
L'envie de devenir professeur de yoga
Je suis passée à temps partiel à la rentrée suivante, en 2021, pour pouvoir enseigner en parallèle le Yoga.
J’ai fait ma demande de rupture conventionnelle en novembre 2021 et j’ai ma réponse favorable en mai 2022. Cela semble court mais ça m’a semblé une éternité.
Et j’étais tellement déterminée à partir que j’avais déjà préparé ma lettre de démission dans l’éventualité (pas du tout improbable!) que ma rupture conventionnelle soit refusée.
En retrouvant ma liberté, j’ai aussi retrouvé une liberté géographique. Mon conjoint et moi avons donc choisi de déménager à Toulon et c’est en 2023 que je me lance en tant que prof de Yoga dans cette ville où je connais… 2 personnes, pas une de plus !
Je pars donc de zéro. Inutile de préciser que mille fois je me suis dit que j’étais complètement folle (et certaines personnes de mon entourage l’ont aussi pensé)! Et en effet, je ne te cache pas qu’il faut être tenace… plus tenace qu’une tâche de ketchup sur un débardeur blanc !
J’ai choisi d’axer d’abord mes efforts sur le présentiel. Je souhaite développer davantage ma présence en ligne mais j’ai choisi de d’abord m’assurer un présentiel solide.
Mes revenus sont principalement issus du présentiel hebdomadaire pour le moment selon 3 axes:
- Cours en extérieur majoritairement (et oui, j’avoue qu’à Toulon, nous avons une chance incroyable de pouvoir pratiquer en plein air toute l’année).
- Cours en intérieur (par système de location).
- Cours en entreprises.
La question est bien sûr « Est-ce que désormais je vis du yoga ? ». Parce qu’on voit souvent le prof de Yoga comme un être qui vit d’amour et d’eau fraiche mais lui aussi doit payer ses factures. Et l’Urssaf n’accepte pas les paiements en amour et eau fraiche hélas…
A l’heure où j’écris ces lignes, je vis du Yoga. Pour être parfaitement transparente, je n’ai pas encore atteint mes objectifs financiers à long terme mais je suis déjà fière du chemin parcouru. Mes chiffres suivent une belle évolution ce qui me montre que mon projet de vivre du Yoga n’est pas complètement utopique.
La vérité brute, c’est que je travaille plus qu’avant et je gagne moins… mais je suis heureuse !
J’ai bien sûr parfois des angoisses liées au fait d’avoir quitté un emploi sécuritaire. Puis je me demande si je voudrais revenir en arrière et je me dis « Que nenni ! ». Je peux dire que non, rien de rien, je ne regrette rien.
Et à présent, c’est parti pour mes 10 conseils pour sauter le pas et passer d’un poste de fonctionnaire à prof de Yoga. Je tiens à dire que ces conseils sont issus de mon expérience personnelle et je ne les présente pas en tant que vérités absolues. Peut-être que certains ne te parleront pas mais ce sera quoi qu’il en soit des pistes pour toi.
1. Prendre le temps de la réflexion avant de devenir prof de yoga
Même si je trouve que rétrospectivement, tout s’est enchainé assez vite pour moi, je m’aperçois que l’idée avait maturé, même inconsciemment depuis un moment. Dans ce temps de réflexion, je compte tous ces moments où l’on s’interroge : « Mais qu’est-ce que je fais dans ce boulot ? ». Où l’on se dit : « On me demande vraiment de faire des choses qui ne me correspondent plus ». Où l’idée surgit : « Et si je vivais du yoga ? Mais non, c’est impossible. ».
De mon côté, il y a peut-être eu un déclic mais l’idée était déjà sous-jacente depuis longtemps. Ce n’est pas une décision sortie comme un lapin d’un chapeau de magicien !
Il faut avoir conscience qu’une reconversion est un chemin semé d’obstacles et le choix ne doit pas être fait à la légère ou sur un coup de tête.
2. Se renseigner sur tous les dispositifs qui existent
Suivant les ministères, il existe des dispositifs différents. Pour moi, il s’agissait du dispositif-test de rupture conventionnelle à l’Education nationale.
Ce n’est pas facile d’avoir des informations claires. Je me suis fait accompagnée par un syndicat qui m’a guidé pendant toute la procédure. Je leur suis d’ailleurs toujours reconnaissante !
Je suis également allée voir une psychologue de l’Education Nationale. Nous avons discuté de mon désir de partir. En début d’entretien, elle m’en a d’abord dissuadé, je l’avoue. Elle m’a suggéré de rester au moins encore un peu. Puis à la fin de l’entretien, elle m’a dit que finalement, vu mon profil et ma motivation, c’était peut-être une voie qui porterait ses fruits.
3- Faire un plan de bataille pour les temps d’attente
Le plus dur avec l’administration, c’est l’attente. J’ai vraiment vécu une période d’angoisse. J’attendais de savoir si j’allais obtenir ou pas ma rupture conventionnelle et je ruminais. J’en étais à un stade où l’idée de travailler une année de plus à l’Education Nationale me rendait malade.
J’avais donc fait un plan : Si la réponse est négative, je donne ma démission.
Si ma démission est refusée (oui, elle peut l’être !), je fais un abandon de poste. Ce n’est pas très glorieux mais cela m’a soulagé d’avoir un plan d’attaque établi.
Je te conseille vraiment de mettre noir sur blanc toutes les étapes et les possibilités pour aller vers ton objectif !
4. Tester avant de sauter le pas : donner des cours de yoga pour être sûre de vouloir l'enseigner
Ce serait dommage de s’apercevoir que tu aimes le Yoga mais que tu n’aimes pas l’enseigner.
J’avais assez peu de doute car j’aime transmettre mais cela m’a rassuré de voir que j’aimais donner des cours de Yoga. J’avais très peur au début mais je ressortais remplie d’une nouvelle énergie (l’inverse de ce qui se passait quand j’enseignais en collège et lycée et que je sortais complètement vidée).
Et de manière plus générale, si j’ai un unique conseil c’est d’enseigner directement après le Yoga Teacher Training. Personnellement, j’ai eu la chance de commencer à donner mes premiers cours dans un studio qui m’a fait confiance (#gratitude !). Cela n’a pas duré longtemps, COVID oblige, mais j’ai pris confiance ce qui peut être compliqué quand on sort de son YTT.
5. Prévoir l’aspect financier (économies/chômage, mais aussi train de vie)
Cela semble évident mais la baisse de revenus peut être envisagé de différentes manières.
J’ai eu la chance d’avoir un chômage grâce à ma rupture conventionnelle mais, dans l’optique d’une démission sans chômage, j’avais mis en place deux choses :
- Quelques économies destinées à amortir les quelques mois de transition ;
- Une diminution de mon train de vie. Et c’est une chose que l’on sous-estime dans une société où l’on oublie souvent que la solution c’est parfois d’enlever. Comme le dis Antoine de St-Exupéry, « la perfection est atteinte, non pas lorsqu'il n'y a plus rien à ajouter, mais lorsqu'il n'y a plus rien à retirer ».
Certaines personnes refusent de diminuer leur train de vie et je le comprends et le respecte. Mais cela a été un vrai levier pour moi. Par exemple, j’habite à présent dans un endroit plus modeste qu’à Bordeaux mais j’en suis ravie.
Cela dépend évidemment aussi de la situation familiale. Je n’ai pas d’enfant et je pense que cette étape est donc plus facile à envisager.
En résumé, il n’y a pas de bon ou de mauvais choix mais juste des choix conscients.
6. Faire preuve des vertus du Yoga : patience, acceptation, lâcher-prise
C’est vrai avant la reconversion mais encore plus après.
Je n’ai pas envie de véhiculer l’idée que j’ai sauté le pas et que du jour au lendemain, tout est merveilleux ! Non, c’est difficile.
C’est difficile de commencer et de ne pas avoir d’élèves. C’est difficile de se sentir invisible alors que les autres profs ont une importante communauté.
Mais c’est normal !
Ce serait horriblement prétentieux de se dire : « J’arrive et tout va tomber tout cru dans mon bec parce que je le vaux bien ! ».
Au contraire, construire une communauté solide d’élève prend du temps. Je suis encore sur ce chemin d’ailleurs. Mais je n’ai jamais autant appris à lâcher-prise et je suis de plus en plus à l’aise avec le fait que le nombre d’élève d’un cours à l’autre varie et que c’est OK.
Je reviens vers cette idée que l’on infuse en yoga : profiter du chemin… Et ne pas oublier de faire preuve de gratitude pour ce chemin.
7. Se faire accompagner par d'autres profs de yoga
On ne peut pas tout savoir et parfois, on ne sait pas qu’on ne sait pas (la phrase la moins claire de l’univers mais tu as compris !).
Cela peut passer par un accompagnement professionnel afin de combler nos fragilités (par exemple en marketing, en communication,…). L’investissement doit être réfléchi et en adéquation avec les possibilités mais c’est un vrai levier pour avancer plus rapidement.
Moi j'ai suivi la formation proposée par Yogis on Roadtrip, qui aide les profs de yoga à développer leur activité.
D'ailleurs, tu peux suivre cette formation offerte pour en savoir plus.
8. Planifier mais pas trop…
Certains ne seront peut-être pas d’accord mais c’est mon opinion. En se plongeant dans une vision à trop long terme, on se ferme aux opportunités et à l’écoute de ce qui nous convient vraiment.
En ce moment, j’ai une vision à 1, 2 ou 3 ans à peu près. Elle est simple : faire grandir ma communauté d’élève.
Est-ce que j’ouvrirai un Studio ? Pourquoi pas mais rien de sûr.
Est-ce que je vendrai des churros aux Plages du Mourillon de Toulon? Peu probable mais qui sait…
Est-ce que je reprendrai un travail salarié à côté du Yoga ? Je ne pense pas mais je n’écarte pas cette possibilité si j’ai, à un moment, une envie de stabilité.
Cela permet, encore une fois, de profiter du chemin, de rester ouvert à toutes les opportunités et de réajuster en fonction de ce qui nous convient ou ne nous convient pas.
9- Être dans l’action… mais pas si elle est désalignée
Les élèves ne viendront pas frapper à ta porte.
Il y a plein de choses à mettre en place pour se faire connaitre. Alors tente et souviens-toi que mieux vaut fait que parfait.
Mais si certaines de ces choses te vident de ton énergie, je ne suis pas sûre qu’il soit nécessaire de les faire.
Je te donne mon exemple : je déteste démarcher (comme beaucoup d’entre nous je crois !). Je l’ai fait au début, j’allais distribuer des cartes. Cela me prenait une énergie incroyable avant, pendant, après. Je n’ai pas eu l’impression que cela avait un effet vraiment significatif et donc j’ai tout simplement décidé d’arrêter. Le rapport énergie dépensée/résultats ne me convenait pas.
Je distribue des cartes bien sûr mais je le fais hors démarchage, de manière beaucoup plus naturelle.
Je garde ainsi mon énergie pour préparer et donner cours car je sais que le bouche à oreille est très puissant !
Et il ne faut pas oublier qu’un prof en forme, c’est un élève heureux. Et c’est toujours un boost pour notre moral mais aussi pour notre activité.
10. Ne pas chercher à avoir un fonctionnement parfait : développer son activité de yoga prend du temps
Là encore, il a matière à débat mais j’ai choisi de ne pas chercher à être tout de suite rentable. Il m’est arrivé de donner cours et de payer plus cher de location que ce que je gagnais.
C’est rare à présent mais je me déplace encore même pour un seul élève (au début, je n’avais qu’un élève par ci, par-là!).
Faire un cours découverte à 5 euros pour un seul élève, ce n’est pas rentable financièrement, certes. Mais ça l’est pour l’activité à long terme.
Et ce sont des élèves qui potentiellement reviennent. J’ai plusieurs élèves à qui j’ai donné cours alors qu’ils étaient seuls inscrits et qui sont toujours fidèles aux cours aujourd’hui !
De même, je ne suis pas sure qu’il faille mettre dès le début un système « parfait » mais trop rigide pour les réservations.
Typiquement, le plus facile est de de créer une réservation 100% en ligne. Je propose cela via Momoyoga et j’en suis très contente. Beaucoup d’élèves réservent par cette plateforme.
Et puis il y a la team qui préfère réserver par sms et avoir une carte papier. Je propose donc les deux solutions !
Et il y a même des élèves qui me préviennent uniquement s’ils ne viennent pas.
Je ne dis pas que dans quelques temps, je ne devrai pas choisir mais pour le moment, je n’ai pas suffisamment d’élève pour devoir tout automatiser.
Cela me convient et convient aux élèves donc je continue à proposer différentes possibilités.
De même, pour le moment, je fonctionne à la carte 10 cours avec la possibilité de venir à n’importe quel cours au choix. Ce n’est probablement pas le moyen le plus facile pour gérer la fréquentation des cours mais j’ai beaucoup d’élèves qui me disent aimer cette liberté.
Pour le moment cela me convient aussi parfaitement !
Je pense que cela évoluera mais chaque chose en son temps…
N’oublions pas que, dans la fable de La fontaine, la Grenouille qui veut se faire aussi grosse que le Bœuf finit par exploser…
11. Suivre ses chiffres chaque mois : la clé pour les profs de yoga
Même les mois où on a la flemme !
Au niveau du présentiel, je note toutes les semaines mon nombre d’élèves et mon chiffre d’affaires issu des cours collectifs. Je fais cela aussi en fin de mois et je compare aux mois précédents ou à l’année d’avant (maintenant que cela fait un peu plus d’un an que je suis installée à Toulon).
Cela a bien sûr pour but de vérifier que j’évolue dans le bon sens et si ce n’est pas le cas de comprendre pourquoi.
Mais cela permet aussi de se rendre compte qu’il existe des fluctuations naturelles et que ce qui compte c’est la progression globale. Cela m’évite de paniquer dès que j’ai une baisse de fréquentation sur une semaine car je sais que cela arrive et n’empêche pas l’activité de globalement croitre. Cela pousse aussi à ne pas relâcher les efforts.
12. Le site internet n’est pas has been !
Pour les cours en présentiel, c’est très important de le mettre en place rapidement. Beaucoup de personnes me disent qu’elles apprécient un site clair et que cela les motive à venir tester. Et même un site très simple peut faire l’affaire !
J’en suis tellement convaincue que j’ai décidé d’investir pour le SEO de mon site afin d’améliorer mon référencement naturel.
Tu l’auras compris, je ne veux pas te vendre du rêve : quitter le fonctionnariat et se lancer comme prof de Yoga, c’est difficile. Et je suis sûre que je ne suis pas la seule à devoir cultiver ma patience !
Mais si on est prêt à affronter ces difficultés, c’est vraiment un merveilleux voyage.
Et peut-être que le meilleur conseil serait d’amener un peu de légèreté à ce voyage. De prendre les choses au sérieux mais sans trop se prendre au sérieux.
Car comme le dit Alphonse Allais : « Ne nous prenons pas trop au sérieux, il n’y aura aucun survivant ! »
D'ailleurs, Yogis on Roadtrip propose une formation pour aider les profs de yoga à développer leur activité. Pour en savoir plus, je t'invite à t'inscrire à cette formation offerte.
Article rédigé par Agnès (alias @anyes_yoga sur instagram). Retrouvez-la sur son site internet.