Apprendre à accepter son corps grâce au yoga
"Apprendre à accepter son corps grâce au yoga" article rédigé par Camille alias @camilleupsidedown sur instagram).
Camille est prof de yoga. Étant plus jeune, elle a souffert de divers troubles du comportement alimentaire, qui ont généré une dysmorphophobie (un trouble qui rend la personne atteinte obsédée par une ou plusieurs parties de son corps, ou qui n'en voit que les "défauts", dont la perception est déformée). Dans cet article, elle explique comment le yoga l'a aidée à combattre les conséquences de ce trouble et des TCA (Troubles des conduites alimentaires) et à accepter son corps.
J’étais une enfant en surpoids et à chaque bougie d’anniversaire, à chaque étoile filante, tout ce que je souhaitais c’était un corps mince.
Le corps mince est arrivé quand j’avais 18 ans, après déjà 4 ans de comportement alimentaire destructeur dont j’épargnerais les détails. J’ai perdu des amitiés et des dents simplement pour prendre moins d’espace.
Je n’ai pas de passé dans une activité de mouvement et j’ai toujours détesté le sport, particulièrement parce que le sport à l’école était une expérience éprouvante. J’ai commencé le yoga à 28 ans avec une application, puis j’ai pratiqué presque tous les jours pendant un an toute seule avant d’envisager aller à une classe.
Je ne voulais pas que les gens me voient en tenue de sport, avec mes bourrelets.
Je ne voulais pas être la grosse du fond.
J’ai attendu de ne plus être débutante avant de pratiquer devant d’autres gens, pour pouvoir justifier mon physique avec une certaine “maîtrise” des postures.
Je ne suis pas grosse mais la dysmorphophobie ne me quittera jamais. Alors la dysmorphophobie c'est quoi ? Pour faire simple, ça se caractérise par des pensées excessives et une obsession d'un défaut imaginaire ou d'un petit défaut physique, dont la perception de la personne est complètement démesurée.
Je ne me considère pas comme guérie. Parfois je suis très fragile, et d’autres fois je me sens forte.
Mais je suis déterminée à guérir et jusqu’à présent le yoga a été l’outil le plus efficace.
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Je suis plus forte que ce que je pensais
J’ai commencé à pratiquer pour l’aspect physique. Je voulais faire du sport.
J’ai rapidement vu une progression de mes capacités physiques et ça m’a fait du bien, car mon corps transcendait enfin son apparence.
Pour moi l’apparition d’équilibres sur les mains et la tête dans ma pratique a ouvert une nouvelle perspective sur le regard que je peux avoir sur moi-même. J’ai travaillé dur pour améliorer cet aspect et j’ai acquis des compétences physiques qui me surprennent encore maintenant. Avec le temps et la pratique des autres aspects du yoga, j’ai finalement transposé ce travail dur sur ma santé mentale. Puisque je suis capable d’accorder du temps pour devenir plus forte physiquement, pourquoi ne pas aussi faire de la place dans ma vie pour devenir plus forte mentalement, et enfin chercher à guérir des blessures plus profondes ? Pourquoi ne pas faire ce chemin sur la relation que j’ai avec la nourriture, sur les causes des troubles alimentaires, sur une introspection encore plus approfondie ?
Camille faisant un Handstand
J’ai pris conscience de mon corps
Je sais quelle hanche est plus souple que l’autre (droite), quelle jambe (gauche), la place que je prends (pas assez). J’ai gagné en grâce, mobilité et force et ça me permet de rester loin de ma propre narrative - la fille potelée qui fait des blagues.
Je suis prof de yoga maintenant et je m’informe constamment, cette conscience corporelle s’est donc encore plus développée. Elle m’aide parfois à sortir de la dysmorphophobie (je me concentre beaucoup sur les parties de mon corps qui ne me plaisent pas). Je peux écouter ce que mon corps me dit et le comprendre, changer ma pratique en fonction de ce que je ressens aujourd’hui, quelle jambe a besoin d’un peu plus d’attention, et quels asanas (postures) éviter ou travailler.
Au lieu de me concentrer sur ce que je n’aime pas sur mon corps, je recentre mon attention sur pourquoi et comment il bouge, et ce que je ressens.
Je ne suis pas mon corps
Je ne suis pas mon corps. C’est peut-être la leçon la plus importante qu’étudier le yoga m’a apporté. J’ai toujours des choses à bosser, mais réaliser que je suis plus que mon enveloppe physique et mes émotions m’aident à me détacher de pensées intrusives quand j’ai un jour difficile.
Je ne suis pas mes pensées, mon corps, mes qualités (femme, artiste…)
Je ne suis pas mes handstands et mes asanas, mes performances, mon travail.
Je ne suis pas mon ego (ahamkara), et la projection que j’ai de moi-même.
Je ne suis pas mes troubles du comportement alimentaire.
J’ai trouvé l’amour
Pas l’amour romantique, mais l’amour pour mes pairs. Pratiquer les 8 branches me permet de devenir une meilleure personne. En devenant une personne que j’apprends à apprécier, je peux mieux aimer les autres humains.
Le yoga n’est pas simplement une occasion hebdomadaire de s’étirer, mais c’est une pratique spirituelle et personnelle qui concerne bien plus qu’une activité physique. Travailler mes capacités physiques m’avait déjà transformée - puisque ma relation avec mon corps n’était plus aussi conflictuelle, j’avais plus d’espace pour les autres. Plus d’espace pour aller diner dehors, pour écouter, être présente.
Travailler sur les Yamas et les Niyamas revient à pratiquer une forme de développement personnel. Et selon moi, il est important de toujours rechercher à se guérir, se questionner et s’améliorer pour pouvoir être quelqu’un de meilleur pour les personnes qui nous sont chères. Pour pouvoir faire de l’espace pour les causes qui nous importent, pour faire de la place pour plus d’altruisme.
Lorsque j’ai commencé ma pratique, j’avais déjà fait un bout du chemin en direction de la guérison. J’étais déjà en introspection, et avait déjà agit pour aller mieux, même sans réaliser que ces actes d’apparence bénin était un moyen pour moi de guérir.
Le yoga n'est pas un remplacement pour une thérapie, un outil magique qui guérit tous les problèmes. Néanmoins, en complément d’une thérapie, avec les bons profs et l’esprit ouvert, je ne peux qu’encourager.
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