Interview d'une fondatrice de studio yoga #2
Ouvrir un studio yoga semble idyllique. Nous avons voulu interviewer plusieurs studios de yoga pour en savoir plus. Voici l'interview de Fanny, fondatrice du studio yoga "Super studio" à Nice.
Nous aborderons plusieurs points : Comment a-t-elle découvert le yoga ? Quels styles de yoga propose le studio ? Quelles ont été les difficultés dans ce projet ? Comment le studio recrute les professeurs de yoga? Quels sont ses conseils pour percer dans ce milieu si compétitif ?
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Peux-tu te présenter en quelques lignes ?
Je m’appelle Fanny et je suis niçoise. Anciennement architecte de formation, j'enseigne à présent le yoga Iyengar à plein temps. J’ai d’ailleurs fondé le studio yoga « Super Studio » à Nice. Je suis également la fière maman d’un petit garçon de 9 ans.
Comment as-tu découvert le yoga ?
C’est justement lorsque je travaillais encore comme architecte que j’ai cherché une activité qui me permette de gérer mon stress.
C’était en 2000 ou 2001 et à l’époque il n’y avait pas autant de studios qu’à présent.
Je me rappelle avoir trouvé quelques lieux offrant des approches très ésotériques du yoga, auxquelles je n’étais pas du tout ouverte à l’époque.
C‘est comme ça que j’ai atterri à l’institut de yoga Iyengar de Nice.
L’approche graduelle et académique de la méthode Iyengar m’a tout de suite beaucoup plu. Il y avait là-dedans une rigueur qui parlait à mon cerveau d’architecte. Ce fut un coup de foudre dès le premier cours pour cette méthode géniale développée par BKS Iyengar.
Les instructions en cours de yoga Iyengar sont données dans un langage familier pour les architectes. En effet au yoga Iyengar comme en architecture, on organise tout d’abord rigoureusement l’ossature pour structurer l’espace. Puis, plus on avance plus les instructions prennent un niveau détail qui tend vers l’infini.
Ainsi la voie du yoga Iyengar commence à l’extérieur pour mener progressivement vers l’intérieur, et c’est le chemin qui m’a permise de m’ouvrir doucement à la spiritualité.
J’ai pratiqué cette méthode près de 15 ans avant de me lancer dans l’exigeante formation de trois ans. Suite à cela, il m’est apparu évident que je ne retournerai plus jamais dans un bureau d’architecture, j’allais devenir « architecte de l’intérieur ».
Tu as ouvert ton propre studio de yoga, peux-tu nous en dire plus ?
C’est aussi excitant que stressant !
Le projet est né par nécessité si on peut dire. Pendant longtemps je donnais des cours particuliers et à différents endroits entre Nice et Monaco. Cela m’allait bien car je ne me sentais pas encore prête à faire le grand saut.
Et puis à la rentrée 2019, il ne restait plus aucune salle à louer qui correspondait à mes créneaux. Il fallait tout recommencer à d’autres endroits avec des nouveaux horaires et peut-être perdre mes élèves! C’est comme ça que je me suis mise à chercher mon propre espace.
Ce n’est pas un secret : même si un yogi ne veut pas devenir riche, il est difficile de joindre les deux bouts avec cette activité. Il y a de plus en plus de studios et beaucoup de précarité.
Je suis arrivée dans le milieu du yoga avec autant d’enthousiasme que de naïveté, et c’est cette énergie qui m’a portée vers ce projet mais qui m’a aussi valu quelques déceptions humaines (et oui, les yogis sont aussi des humains faillibles).
Mais l’aventure est belle et je ne regrette pas d’avoir quitté ma vie d’architecte. Enseigner le yoga Iyengar dans les règles de l’art exige un lieu équipé, comme par exemple par de nombreux accessoires tels que des chaises, des sangles, des briques etc. On appelle cela des « props ».
Donner des cours dans un studio parfaitement équipé est un privilège et je suis toujours aussi reconnaissante de pouvoir le faire à temps plein et dans les meilleures conditions au « Super Studio ».
Quels sont les styles de yoga que tu proposes dans le studio ?
On est vraiment spécialisé dans le yoga Iyengar. On propose uniquement cela.
Quelles ont été les difficultés dans ce projet ?
La plus grosse difficulté est de trouver un espace pour la pratique du yoga. Pour dispenser des cours collectifs, il faut beaucoup de place. La pression foncière est énorme dans le sud de la France, ce qui rend le mètre carré très cher.
La recherche d’un lieu a donc été le plus pénible: il fallait trouver un endroit très spacieux, lumineux, facilement accessible, bien situé et financièrement abordable.
Pour ma part j’ai eu beaucoup de chance de trouver ma salle dans un quartier de Nice attractif et vivant.
Quelles sont les plus belles récompenses dans ce métier ?
Chaque fois que je vois une petite flamme dans les yeux des élèves qui commencent à bruler pour le yoga Iyengar, cela me remplit de joie !
Si tu devais décrire ton équipe de professeurs, que dirais-tu ?
Comment recrutes-tu les professeurs ? Quelles sont les qualifications/personnalités que tu recherches ?
Nous sommes actuellement deux enseignantes certifiées de yoga Iyengar. Je nous qualifierais de personnes chaleureuses.
La méthode que nous enseignons est très exigeante et parfois ardue, je pense donc vraiment qu'à titre personnel, les enseignants doivent montrer de l’empathie et toujours être accessibles. Ce sont les traits que je recherche chez mes collègues du studio en plus de leur qualification comme enseignant de la méthode Iyengar.
On a l’impression que beaucoup de studios de yoga ouvrent, est-ce un milieu trop compétitif ? Penses-tu qu’il y a de la place pour tout le monde ?
En effet, ça pousse comme des champignons.
Cela correspond clairement à un engouement que je crois momentané. Il y a donc beaucoup de monde sur le marché, mais aussi beaucoup d’élèves.
Comme il y a beaucoup de types d’enseignements différents chacun y trouve son compte: chaque yogi finit par trouver un enseignant et une école qui lui convient.
Je pense qu’il y a vraiment de la place pour tout le monde.
Quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui veut ouvrir un studio de yoga ?
Honnêtement, je conseillerais à qui veut se lancer, d’avoir un filet de sécurité financier ou un business plan qui tienne la route!
Après un an d’activité (et le confinement !) je ne peux pas encore dire que ma petite entreprise est viable.
Il faut donc y croire dur comme fer et beaucoup, beaucoup travailler.
Le studio se trouve au : 8 rue Cros de Capeu (Libération) à Nice.
En savoir plus :
